Réflexions:
 

Connaître son passé pour savoir où l’on va… 

Mais quels sont les éléments de mon passé qui peuvent être garants de l’avenir ? Les valeurs de la société québécoise, jusqu’à récemment, étaient circonscrites autour de la religion chrétienne romaine,  produit  de la civilisation judéo-gréco-latine, elle-même influencée par les philosophies venant de l’Orient, particulière du zoroastrisme et de l’hindouisme. Le christianisme a imposé une définition du bien et une vision du monde, qui ont été partagées par la grande majorité du peuple québécois et qui en ont été le ferment de son unité, et ce, dans l’espace d’un fédéralisme qui en permettait un relatif développement. Le français servait de langue commune à tous les niveaux de la société.

Depuis lors, la dernière constitution canadienne, fondée particulièrement sur les droits individuels qui se substituent aux droits collectifs, les mouvements « woke » qui questionnent l’idée même de la légitimité d’une majorité, la venue de migrants de confession musulmane (les autres types d’immigration n’ont jamais suscité de problèmes) qui remet en question la nature même de nos valeurs démocratiques, le recul de l’usage du français dans les grandes villes et les changements de plus en plus marqués du climat qui entraîneront des déplacements de masse, que certains tendent encore de nier, tout cela est loin d’un passé que l’on a connu.

Il ne faut pas être surpris que plusieurs se posent la question du vivre-ensemble. Vivre ensemble, mais séparés par des murs invisibles de couleurs, de genres, de croyances, etc. Un peuple se forme par des gens qui veulent travailler ensemble à bâtir un pays viable. Et pour cela, il faut un gouvernement représentatif  des différentes composantes de la société. Ce qui implique qu’on multiplie des partis politiques selon les grandes tendances de notre société. Sommes-nous prêts à ce changement ?

Curieusement, à une époque où chacun peut s’exprimer de différentes manières, à travers les chroniques, les opinions du lecteur, les manifestations, jamais on parle autant de menace de  la liberté d’expression. C’est l’histoire qui se répète. Les dogmes se sont imposés par la force et les armes. Verra-t-on des groupuscules imposer leurs valeurs par la menace sur les réseaux sociaux ou sous toutes autres instances ?

Comme pour les individus, les différents partis élus démocratiquement doivent apprendre à se parler et à faire valoir leurs arguments. Je reconnais que le passé n’est pas garant de l’avenir. Quand on observe la scène parlementaire actuelle, on semble loin du désir de travailler ensemble ; multiplier les partis viendrait encore compliquer le débat parlementaire et renforcer la partisanerie. Il est difficile de communiquer rationnellement sa perception de la réalité, la base même de la démocratie participative ; chaque parti s’enferme dans ses certitudes. Travailler ensemble, c’est non pas défendre ses propres dogmes à tout prix, mais trouver des compromis pour arriver à des solutions acceptables pour l’ensemble de la société.

Ils sont nombreux les « spécialistes » à affirmer qu’il faut apprendre à se parler, sans crier, sans s’interrompre mutuellement et sans menacer. Cet apprentissage commence dans la famille, dans son quartier et à l’école.

Il m’apparaît important que les enfants, dès leur jeune âge, soient confrontés aux visions des autres. L’école, qu’elle soit publique ou privée, est le lieu par excellence pour apprendre à partager les valeurs communes, définies démocratiquement par l’État et nécessaires pour vivre dans une société de plus en plus multiculturelle. Et notre passé ne nous prépare pas naturellement à ce futur proche.
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